« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Cette morale fabuleuse échoue à remettre dans le droit chemin ceux qui arrivent constamment en retard aux rendez-vous. Sans doute en raison de prédispositions psychologiques bien supérieures à leur indolence coupable. Nombreux sont ceux qui ont expliqué, au delà des déboires et des excuses, les raisons de l’atermoiement chronique. Et les raisons avancées par ses experts dressent différentes personnalités de retardataires. Certains individus peinent à estimer le temps nécessaire pour réaliser une tâche précise. Un constat éclairé par une étude publiée en 2016 par deux psychologues de la Washington University s’appuyant sur le test de « mémoire prospective temporelle » (TBPM). Les résultats obtenus sont édifiants : sous la pression de l’horloge, absorbé par une action, une partie de la population renonce complètement à vérifier l’heure. Selon les chercheurs, cette expérience préfigure la façon dont chacun se comportera vis-à-vis d’une échéance horaire au quotidien. C’est pourquoi le retardataire peut être aussi celui qui est incapable de prendre en compte la durée des aléas d’un trajet, tel qu’un train bloqué sur la voie ou une conversation impromptue qui s’enlise. Alors que Freud expliquerait le retard par une tendance autodestructrice et l’envie de se faire punir, Alfie Kohn, auteur d’ouvrages sur le comportement humain, expose la thèse du manque d’autodiscipline. Pour lui, le retardataire chronique s’enliserait dans l’impossibilité de s’écarter d’une activité qu’il apprécie ou qu’il juge plus importante à compléter que d’autres. Ou alors détestent-ils simplement la possibilité de tourner en rond avant un rendez-vous. L’aspect social est aussi important dans l’étude du retard. Arriver à 19 h 20 au lieu des 19 heures prévues pour le dîner permettrait de se distinguer. Mais derrière les retardataires se cachent également quelques profonds optimistes. Des hommes et des femmes considérant qu’un trajet de 25 minutes peut s’effectuer en dix si tous les voyants passent au vert. Sources : Washington University/Psychology Today