Les États-Unis mènent des opérations de renseignement depuis l’époque de George Washington, mais ce n’est que depuis la Seconde Guerre mondiale qu’elles sont coordonnées à l’échelle du gouvernement. Même avant Pearl Harbor, le président Franklin D. Roosevelt s’inquiétait des faiblesses du renseignement américain. Il a alors demandé à l’avocat new-yorkais William J. Donovan de poser les bases d’une agence de renseignement. Résultat, l’Office of Strategic Services  (OSS, « Bureau des services stratégiques ») a été fondé en juin 1942, avec pour mission de collecter et d’analyser des informations stratégiques pour le compte du Comité des chefs d’États-majors interarmées, et de mener des opérations clandestines sans nécessité de se coordonner avec d’autres agences.

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Des hommes de l’OSS à l’entraînement

Durant la guerre, l’OSS a joué un rôle important en épaulant les campagnes militaires américaines. Mais le service n’a jamais supervisé l’entièreté des opérations de ce type à l’étranger.

Depuis le début des années 1930, c’est le FBI qui avait la charge du renseignement en Amérique latine, et les services de l’armée protégeaient leurs pré carrés dans le reste du monde. En octobre 1945, l’OSS a été supprimé et ses fonctions ont été transférées aux départements d’État et de la Guerre. Les responsables américains voyaient cependant la nécessité d’établir un système de renseignement centralisé. Onze mois plus tôt, Donovan avait adressé au président Roosevelt une proposition de séparation de l’OSS du Comité des chefs d’États-majors interarmées. Le bureau serait placé sous la supervision directe du président. Donovan proposait une « organisation qui obtiendrait ses renseignements en usant de méthodes ouvertes ou couvertes, et qui aurait pour mission de fournir des conseils en renseignement, de déterminer les objectifs du renseignement national, et de corréler les renseignements collectés par toutes les agences gouvernementales ». Il recommandait la fondation d’une puissante agence centralisée pour coordonner tous les services de renseignement américains. Il proposait également que cette agence se voit octroyée l’autorité nécessaire pour mener des « opérations subversives à l’étranger », mais « sans fonctions policières, sur le territoire comme à l’étranger ». Le plan de Donovan lui a attiré les foudres de l’armée, qui était opposée à la perspective d’une telle fusion. Le département d’État américain pensait que l’agence devrait superviser toutes les opérations ayant trait aux relations étrangères en temps de paix.

Quant au FBI, il était en faveur d’un système dans lequel le renseignement militaire international serait à la charge de services rattachés à l’armée, tandis qu’il s’occuperait de toutes les opérations civiles. Pour trancher le débat, le président Harry S. Truman a établi le Central Intelligence Group en janvier 1946, en lui donnant pour mission de coordonner les départements de renseignement existant – en d’autres termes, de les compléter, pas de les supplanter. Tout cela sous la supervision de la National Intelligence Authority, composée d’un représentant du président et des secrétaires d’État, de la Guerre et de la Navy. Vingt mois plus tard, les deux services ont été supprimés à leur tour.

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Le président Truman préside une réunion du Conseil national de sécurité en 1948

C’est dans le cadre du National Security Act de septembre 1947 que le Conseil de sécurité nationale (NSC) et l’Agence centrale du renseignement (CIA) ont été fondés. Proche du projet de Donovan de 1944 et des directives présidentielles ayant donné naissance au Central Intelligence Group, la loi chargeait la CIA de coordonner les opérations de renseignement du pays et de relier, évaluer et disséminer le renseignement affectant potentiellement la sécurité nationale. Le directeur de l’agence serait responsable de la protection des sources et des méthodes du renseignement. Au cours des années qui ont suivi, les libertés conférées à l’agence n’ont cessé de s’accroître, autorisant dès 1949 une opacité totale des opérations de la CIA. Le CIA Act of 1949 l’a notamment exemptée de révéler « l’organisation, les fonctions, les noms, les postes, les salaires ou le nombre de ses employés ». Au fil des ans et jusqu’à aujourd’hui, ses opérations de renseignement menées dans le monde entier ont donné lieu aux dérives et aux extravagances les plus inimaginables. Outre les exactions documentées par des journalistes du monde entier, les 18 articles qui suivent témoignent des opérations les plus folles d’une agence gouvernementale qui n’a pas hésité à financer le trafic de drogue pour précipiter le renversement d’un gouvernement ou à envisager sérieusement de transformer des chats en appareils d’espionnage sophistiqués.   ulyces-ciasecret-01

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Un journaliste raconte la carrière de son père, maître-espion de la CIA

Un récit où s’entrecroisent une vie démentielle et 60 ans d’histoire américaine.

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Crédits : Gage Skidmore

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Crédits : Google

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L’intérieur du Contras Bar
Crédits : Razvan Orendovici


Couverture : Le hall de la CIA à Langley.