Vengeance

Sur les bords du Tigre, dans le centre de l’Irak, une bretelle d’autoroute longe les quartiers sécurisés de Bagdad pour filer vers l’ouest. Bordée de palmiers plutôt que de lampadaires, elle fait chatoyer la banlieue dans les phares de ses véhicules à la nuit tombée. En ces premières minutes du vendredi 3 janvier 2020, la pénombre se dissipe presque complètement aux abords de l’aéroport international, dont les pistes sont alignées quelque part entre le centre-ville et Abou Ghraïb. Une boule de feu rayonne sur l’asphalte, près d’un trident de flammes. Au milieu de ces brasiers, on distingue à peine les carcasses de véhicules encastrées dans les garde-corps.

En pleine nuit, des tirs de drones ont pulvérisé un convoi de la Mobilisation populaire (Hachd Al-Chaabi), une coalition de milices chiites intégrées aux forces de sécurité irakiennes. Ses hommes venaient de récupérer Qassem Soleimani à l’aéroport. Commandant de l’unité d’élite Al-Qods, le général iranien est présenté comme « l’homme le plus puissant du Moyen-Orient » par Le Monde. C’est lui qui est chargé d’exporter la révolution islamique au Liban, en Syrie et en Irak et d’étendre la sphère d’influence de Téhéran dans le monde.

Dans les heures qui suivent, le Pentagone reconnaît dans un communiqué avoir « accompli une action défensive décisive pour protéger le personnel américain à l’étranger en tuant Qassem Soleimani. » Le gradé de 62 ans aurait « orchestré » des frappes contre des bases de la coalition cornaquée par Washington en Irak et aurait « approuvé les attaques » de l’ambassade des États-Unis à Bagdad. Situé dans les quartiers sécurisés de la « zone verte », le bâtiment diplomatique a été pris d’assaut mardi 31 décembre par une foule soutenant les milices proches de Téhéran en Irak. Quatre jours plus tôt, l’une des dizaines de roquettes envoyées sur les cibles de la coalition dans le pays cette année avait tué un ressortissant américain.

L’hommage au général Soleimani à Téhéran

Depuis que Donald Trump a annoncé sa volonté de sortir de l’accord du sur le nucléaire iranien, en 2018, les deux États se rendent coup pour coup. Le durcissement des sanctions contre la République islamique décrété au printemps 2019 a été suivi de la destruction de sites pétroliers saoudiens par drones et missiles en septembre, laquelle destruction a entraîné de nouvelles sanctions. Ces tensions ont fini par entraîner de réels affrontements en Irak, où la présence de Washington depuis son invasion de 2003 est contrecarrée par les milices chiites, qui ont peu à peu réussi à infiltrer les plus hautes sphères du pouvoir.

La mort de Qassem Soleimani risque donc de mettre le feu aux poudres. « Il n’y a aucun doute sur le fait que la grande nation d’Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle pour cet horrible meurtre », a déclaré le président iranien Hassan Rohani. Après avoir salué la mémoire de Soleimani, l’ayatollah Ali Khamenei a pour sa part promis qu’une « vengeance implacable attend les criminels qui ont empli leurs mains de son sang et de celui des autres martyrs ». Quoi qu’il advienne, l’Irak ne sera pas épargné par l’escalade.

« Il est probable qu’il y ait une riposte iranienne mais il est aussi probable qu’il y ait une réponse irakienne », estime Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), « puisque la présence américaine qui était déjà remise en question par certains Irakiens va l’être encore un peu plus. » D’ailleurs, le Premier ministre démissionnaire à Bagdad, Adel Abdel Mahdi, a dénoncé « une agression contre l’Irak, son État, son gouvernement et son peuple », susceptible de « déclencher une guerre dévastatrice en Irak. » Car tous les ingrédients semblent réunis.

Cela fait plus de trois mois que Bagdad est le théâtre d’affrontements. Dimanche 27 octobre, des manifestants ont tenté d’ « envahir la zone verte et renverser le gouvernement ». Ils ont été repoussés par une colonne de policiers sur le pont Al-Jumhuriyah, dans le centre de Bagdad. Derrière leurs boucliers où s’abattent toutes sortes de projectiles, les bâtiments officiels se découpaient dans la fumée. Naguère dominée par le palais de Saddam Hussein, la zone verte a été fermée au public après son renversement par les États-Unis, en 2003. À peine rouverte au public en juin dernier, elle a été barrée par les forces de sécurité.

Au début du mois, des protestations ont éclaté à Bagdad et dans plusieurs villes du sud de l’Irak. « Nous sommes venus réclamer nos droits, qui nous ont été pris en 2003, quand le gouvernement américain nous a remis à une bande de voleurs », peste Abbas al-Hamzawi, étudiant en archéologie à Diwaniya. Après une pause de deux semaines, le mouvement a repris de plus belle vendredi 25 octobre. Trois jours plus tard, alors que les affrontements venaient de faire deux morts et 112 blessés, le commandement militaire imposait un couvre-feu. Au total, 233 personnes ont perdu la vie en un mois. À la mi-décembre, on dénombrait 450 morts et plus de 20 000 blessés.

D’après des sources citées par l’agence Reuters, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes directement dans la tête des Bagdadis. À Nassiryia, ils ont battu et arrêtés des dizaines d’individus. Aux quatre coins du pays, les manifestants réclament le départ d’Adel Abdel Mahdi. Arrivé au pouvoir il y a un an, le Premier ministre démissionnaire était à la tête d’une coalition fragile, dont la marge de manœuvre était réduite par les différentes factions qui se disputent le pouvoir. Le Parlement a voté en faveur d’une baisse du salaire des responsables politiques, de la formation d’un comité chargé d’amender la constitution et de la dissolution des conseils locaux (à l’exception de ceux du Kurdistan). Mais cela ne semble pas suffire à la rue.

Bien des Irakiens reprochent à leurs élus d’être au service d’une des deux grandes puissances présentes dans le pays : les États-Unis ou l’Iran. Ils « suspectent ces pouvoirs d’utiliser l’Irak comme terrain de jeu de leur lutte pour l’influence régionale, sans égard pour les besoins du peuple », écrit Reuters. À cette équation minée s’ajoutent Israël, inquiet de la présence de milices chiites sur le sol irakien, ainsi que la résurgence de l’État islamique, qui profite de la confusion pour commettre de nouveaux attentats.

Trésor de guerre

Sur les collines de Karma, à l’ouest de Bagdad, une fumée sombre s’évapore dans le ciel cristallin. Entre les broussailles couchées par les rafales de vent et de Kalachnikov, des hommes en treillis, allongés sur le ventre, pointent leurs canons vers Falloujah. Ce 28 mai 2016, l’armée irakienne lance l’offensive sur cette ville contrôlée par l’État islamique (EI). Avec l’aide de milices chiites, de combattants kurdes et de l’aviation américaine, elle la libère le 26 juin.

La victoire sur le groupe terroriste est annoncée en décembre 2017 par le Premier ministre de l’époque, Haider al-Abadi. Et en septembre 2018, à Karma, 90 % des habitants ont retrouvé leurs maisons selon le maire, Ahmed Moukhlif al-Doulaimi. Mais la menace n’est qu’en sommeil. Le 14 août 2019, le ministre de la Défense annonce l’arrestation de deux membres de Daech à Karma. « Ils ont participé à plusieurs attaques contre nos forces de sécurité à Jirs al-Roud, Al-Qanatar et Abou Souda », indique le ministère dans un communiqué.

Ce coup de filet ne suffit malheureusement pas. Jeudi 29 août 2019, à un checkpoint situé près de Karma, deux hommes armés abattent quatre miliciens irakiens et en blessent sept autres. « Ils ont été pris en embuscade par des agents de Daech alors qu’il passaient dans une rue d’Al-Dabatiya, au nord de Karma », détaille le capitaine Ahmed al-Doulaimi. Plus tôt dans la journée, trois policiers ont été blessés par des hommes armés à un checkpoint de Jalula, au nord-est de Bagdad.

Un soldat américain à Karma
Crédits : US Army

Fin juillet, déjà, l’EI avait tué sept membres des forces armées irakiennes dans la région de Sayed Gharib et au village de Kola Jawi. Selon le décompte du New York Times, 139 attaques ont été menées ces six derniers mois dans les provinces septentrionales d’Anbar, de Salâh ad-Dîn, de Kirkouk et de Diyala. Grâce à un trésor de guerre estimé à 400 millions de dollars, l’État islamique aurait investi dans la pisciculture, la vente de voitures et la culture du cannabis. Il rançonne aussi les fermiers du nord de l’Irak, sous peine de brûler leurs champs. Ses responsables « s’adaptent, se consolident et créent les conditions d’une éventuelle résurgence », peut-on lire dans un rapport des Nations Unies paru en juillet dernier.

Ces spasmes ne sont pas les seuls symptômes inquiétants. En guerre entre entre 2003 et 2011, après l’intervention des États-Unis, le pays se retrouve aujourd’hui pris en tenaille entre Israël et l’Iran. Mardi 20 août, des bombardements ont touché les positions de paramilitaires irakiens près de la base de Balad, au nord de Bagdad. Cela fait des semaines que les forces de la Mobilisation populaire (MP) essuient des tirs. Dans un communiqué publié le lendemain, cet attelage de différentes milices chiites, dont certaines sont soutenues par l’Iran, accuse Washington d’avoir laissé passer des drones venus de Tel Aviv.

Benyamin Netanyahou sur le plateau du Golan
Crédits : ministère de l’Intérieur israélien

« La seule et unique entité responsable de ce qui s’est passé sont les forces américaines », écrit le numéro 2 du MP, Jamal Jaafar Ibrahimi. « Nous les tiendrons responsables de tout ce qui arrive à partir d’aujourd’hui. » Si le Pentagone s’est empressé de nier toute implication dans l’opération, ce n’est pas le cas d’Israël. Interrogé au sujet de l’attaque de Balad par Channel 9 le jeudi 22 août, le Premier ministre de l’État hébreu reconnaît à demi-mot son implication : « Nous agissons dans de nombreux endroits contre un État qui veut nous annihiler », répond Benyamin Netanyahou. « Naturellement, je laisse la liberté aux forces de sécurité de faire tout leur possible pour contrecarrer les plans de l’Iran. »

Dimanche 25, une nouvelle frappe aérienne cible le groupe Brigade 45 (membre de la MP) à Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie. Pour le Président et le Premier ministre en place à Bagdad, le Kurde Barham Salih et le chiite Adel Abdul Mahdi, c’est « une violation de la souveraineté irakienne ». Dans ce contexte, il leur est de plus en plus difficile de ménager chaque camp. Car la sécurité du pays est assurée à main gauche par les milices chiites, avec l’appui de Téhéran ; et à main droite par les États-Unis, qui soutiennent Israël face à l’Iran.

La doctrine Begin

Depuis un petit sommet aride du nord d’Israël, Benyamin Netanyahou fixe le plateau du Golan à la longue-vue. Les champs se succèdent de loin en loin jusqu’à la Syrie. Flanqué de soldats, ce dimanche 25 août 2019, le Premier ministre israélien est venu jauger l’efficacité de l’opération de la veille. Tsahal vient d’attaquer des forces iraniennes en Syrie, car « si quelqu’un se lève pour te tuer, lève-toi et tue le d’abord », dit Netanyahou en citant un verset du Talmud. En pleine campagne pour les élections législatives, qui auront lieu le 17 septembre prochain, « Bibi » semble particulièrement inquiet des mouvements iraniens dans la région.

Selon le chef du Mossad, Yossi Cohen, l’Iran et le Hezbollah « essaient de transférer certaines de leurs bases dans le nord de la Syrie. Dans le même temps, ils établissent des bases et des manufactures d’armement sophistiqué en Irak et au Liban. Ils font l’erreur de croire que nous aurons des difficultés à les atteindre là-bas ». À en croire le magazine Foreign Policy, Téhéran « cherche à fournir des milliers de missiles de précision, avec une portée allant de 160 à 1000 km, à ses alliés au Liban, en Syrie et en Irak ». Washington a aussi repéré de plus en plus de drones iraniens dans la région. Un modèle Mohajer-6 est par exemple utilisé en Irak, selon le média Tasnim News, proche des Gardiens de la Révolution.

Cela explique sans doute l’agressivité de Tel Aviv vis-à-vis des milices chiites installées au nord de Bagdad et les tirs qui les ont visées ces dernières semaines. Cette stratégie de frappes préventives a un nom : la doctrine Begin. Elle tire son nom du Premier ministre israélien Menachem Begin qui, en 1981, a lancé une attaque pour détruire le réacteur nucléaire d’Osirak, en Irak.

Les forces de la Mobilisation populaire lors de la libération de Fallujah, en 2016
Crédits : Mahmoud Hosseini

À l’époque, l’Irak est en pleine guerre. Arrivé au pouvoir au moment de la révolution islamique, en 1979, Saddam Hussein a décidé d’attaquer l’Iran pour un litige autour du tracé de la frontière, le long du fleuve Chatt-e-Arab. C’est du moins la raison officielle. En réalité, le dictateur craint surtout un soulèvement des chiites, majoritaires en Irak, et galvanisés par l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini chez leurs voisins. En tant que général de l’armée, Hussein a déjà fait exécuter les responsables d’une grande manifestation chiite en 1977. Désormais, il les expulse de leur propre pays par dizaines de milliers.

À partir de 1982, certains Irakiens déportés en Iran créent les premières organisations Badr. Leur objectif est de mettre au pouvoir un conseil suprême islamique chez eux. Après s’être opposés à l’armée de Saddam Hussein jusqu’en 1988, aux côtés des Gardiens de la révolution, ils retournent à Bagdad pour soutenir le soulèvement de 1991. C’est un échec. Alors les organisations Badr tentent de déstabiliser le pouvoir en prenant part à la guerre civile kurde de 1995. Et en 2003, à la faveur de l’invasion américaine qui destitue Saddam Hussein, elles reviennent finalement en Irak.

Ces hommes en profitent pour infiltrer le pouvoir et se venger. En 2006, le rapporteur des Nations Unies sur les violations des droits de l’homme en Irak, John Pace, constate que des centaines d’Irakiens ont été exécutés par le ministère de l’Intérieur, tombé aux mains des organisations Badr. En 2012, l’un des fondateurs du Conseil suprême islamique d’Irak, Hadi al-Ameri, crée son propre parti et fait alliance avec le Premier ministre Nouri al-Maliki. Mais les Badr ne déposent pas les armes. Ils vont en avoir besoin pour lutter contre l’État islamique.

Le 12 juin 2014, le groupe terroriste tue au moins 1 700 chiites d’Irak au camp militaire de Speicher, dans la ville en Tikrit. En réaction au massacre, des dizaines de milliers d’hommes rejoignent des milices, avec le soutien de l’Iran. Elles finiront par être regroupée sous le parapluie des forces de la Mobilisation populaire (MP).

À la merci des milices

Sur la route qui mène de Bagdad à Mossoul, les couleurs de la Brigade 30 et le drapeau jaune de la MP flottent presque à chaque checkpoint en cette fin du mois d’août 2019. Voilà pourtant près de deux mois que le Premier ministre, Adel Abdel-Mehdi, a demandé leur mise en berne, afin que ces hommes intègrent pleinement l’armée régulière. D’après le décret qu’il a publié le 1er juillet, sous la pression des États-Unis, ceux qui refusent de s’y plier seront considérés comme des hors-la-loi. Mais Bagdad a du mal à imposer son autorité.

En mai 2017, alors que l’hydre islamiste était encore présent sur de larges pans du territoire, l’historien du Moyen-Orient Jean-Jacques Filiu écrivait sur son blog que « ce sont les Gardiens de la Révolution qui sont à la manœuvre en Irak et qui y contrôlent, avec leurs alliés des services de renseignement, les représentations diplomatiques. Et ils ne rendent compte qu’à leur hiérarchie, qui elle-même ne reconnaît que l’autorité théocratique du Guide Khameneï, et non celle d’un président vulgairement élu. » Aussi, l’Irak se retrouvait-il « à la merci des milices chiites ».

Le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi
Crédits : La Grande Ours

La Brigade 30 ne cache d’ailleurs pas ses liens avec les ayatollah. Sur ses banderoles, Hadi al-Ameri apparaît à côté de Khomeini, d’Ali Khamenei et du guide des chiites d’Irak, Ali al-Sistani. Ce n’est donc pas un hasard si le Pentagone, très hostile à l’Iran depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, décide de sanctionner les commandants de la Brigade 30, Waad Qaddo et Rayan al-Kildani, le 18 juillet 2019. Leur organisation « a pris de l’argent aux populations de Bartalla et de la plaine de Ninive », écrit le département du Trésor américain, « par des extorsions, des arrestations illégales et des enlèvements ». En réaction, la Brigade 30 a délaissé toute une série de checkpoints afin de montrer que sans elle, les problèmes de sécurité se multiplieraient.

Malgré les sanctions et les demandes l’intégration à l’armée formulées par Adel Abdel-Mehdi, les milices sont toujours là. Elles comptent plus de 100 000 hommes selon Reuters. Au cours d’un entretien accordé à la presse locale le 9 août, le Premier ministre a admis que le processus prendrait plus de temps que prévu. « Mehdi a échoué à déloger un petit groupe de ses positions près de Mossoul », constate Jasim al-Bahadli, un ancien général irakien reconverti dans l’analyse militaire. « Cela interroge sur sa capacité à agir contre des groupes plus puissants soutenus par l’Iran. »

Or, depuis qu’ils sont touchés par les tirs israéliens, ces groupes sont plus virulents que jamais. Vendredi 23 août, le clerc chiite Sayed Kazem al-Haeri, proche de la Mobilisation populaire, a jugé « haram », c’est-à-dire illicite, « la présence militaire américaine en Irak ». La veille, le conseiller à la sécurité nationale, Faleh al-Fayadh s’engageait à tout faire pour ne pas être « poussé dans la guerre » par l’opposition entre les supplétifs iraniens et leurs rivaux. Lors d’un séjour en Irak, en avril 2017, Jean-Jacques Filiu a rencontré un vétéran des guerres au Kurdistan. Alors même que l’État islamique n’était pas défait encore défait, celui-ci assurait que « la prochaine guerre nous opposera aux milices chiites. Et elle sera bien plus terrible. » Depuis, les menaces n’ont fait que se multiplier.


Couverture : Forces de sécurité irakiennes.