Si Pablo voyait ça. Le sénateur colombien Iván Marulanda, du parti de centre-gauche Alianza Verde, a bouclé un projet de loi visant à créer une industrie légale de la cocaïne en Colombie. La loi est actuellement examinée par le Congrès colombien, nous apprend-il dans une interview accordée à Vice, parue le 1er décembre.

Depuis 1994, la possession d’un gramme de cocaïne pour usage personnel est autorisée en Colombie. Si sa production pour consommation personnelle est aussi légale, sa vente demeure pour le moment strictement illégale. Ainsi, la demande est beaucoup plus importante que l’offre, ce qui fait le lit du narcotrafic et la fortune de ses barons. Or, leur cocaïne est souvent de mauvaise qualité, mélangée à des substances non-réglementées, et produite par des pauvres gens exploités.

Ainsi, après 40 ans d’une politique anti-drogue radicale soutenue par les États-Unis, Marulanda et d’autres membres du Congrès veulent changer les choses. Ils veulent créer une industrie légale de la cocaïne pour la distribuer, dans un premier temps, aux patients souffrent de douleurs, comme c’est le cas avec le cannabis médical. Comme en Bolivie, ils espèrent également faire entrer tous les cultivateurs de coca illégaux dans une industrie légale et locale.

Iván Marulanda propose donc que l’État achète la totalité de la récolte de coca de la Colombie, au prix du marché. Les programmes d’éradication de la coca coûtent en effet chaque année quatre billions de pesos (près d’un milliard d’euros). Or, l’achat de la totalité de la récolte de coca chaque année coûterait 2,6 billions de pesos. Il serait donc moins coûteux d’acheter la récolte que de la détruire, et cela éviterait des conséquences désastreuses pour l’environnement.

Une telle loi ferait entrer 200 000 familles colombiennes dans une sphère juridique où elles ne seraient plus persécutées par l’État et à la merci des narcos. D’autre part, l’État fournirait les feuilles de coca à une industrie artisanale indigène, qui les utilise depuis des centaines d’années. De ces feuilles, les indigènes pourraient produire des aliments, de la farine de boulangerie, des produits médicinaux et du thé.

Enfin, l’État produirait aussi sa propre cocaïne, de première qualité, pour la fournir directement aux consommateurs.

Source : Vice