Crédits : m.phys.org On pense que l’héritage génétique est un mécanisme égalitaire : les deux parents transmettent la moitié de leur ADN à leur progéniture. Néanmoins, une étude des scientifiques de l’université du Maryland publiée dans la revue de l’Académie des sciences américaine laisse penser que ce dont les enfants hérite est aussi basé en partie sur l’expérience de leurs parents. Ils ont pu observer une molécule d’ARN double brin (dsRNA) passant directement d’une génération à une autre. En d’autres termes, leurs recherches pourraient aider à mieux comprendre la transmission des gènes suite aux altérations qu’ils subissent au cours de l’existence. L’exposition à un environnement nocif ainsi que les maladies pourraient notamment changer la construction génétique des parents, qui aurait donc des répercussions sur leurs enfants. L’étude des scientifiques se focalise sur l’impact de l’ARN double brin, un cousin de l’ADN, capable d’induire le processus « d’extinction de gène » (un processus épigénétique qui empêche la production d’une protéine à partir d’un gène) à l’intérieur d’une cellule. « L’hypothèse est que l’ARN double brin peut changer le matériel génétique parental qui lui-même pourrait altérer le matériel génétique transmis aux générations suivantes », explique Antony Jose, du département de biologie cellulaire et génétique moléculaire de l’université du Maryland. Pour mener à bien ces expériences, l’équipe de chercheurs de l’université du Maryland a introduit des sondes fluorescentes dans le système cellulaire d’ascarides (des parasites intestinaux). Ils ont ensuite observé l’acheminement direct des molécules d’ARN fluorescentes issues des parents jusqu’à la cellule-œuf attendant d’être fertilisée. Ils ont aussi noté que le processus « d’extinction de gène » engendré par la molécule d’ARN double brin était également présente chez leur progéniture. « C’est la première fois que nous voyons une molécule d’ARN double brin transmise d’une génération à une autre », explique le scientifique. « Certains indices laissent penser que de telles réactions peuvent également se produire chez les êtres humains. Nous savons que l’ARN existe dans le système sanguin de l’Homme, mais nous ne savons par d’où les molécules d’ARN proviennent, où elles vont et ce qu’elles font exactement. Nos recherches représentent une fascinante possibilité : ces molécules pourraient être des messages des parents à destination de leur progéniture. », s’exclame-t-il. Une perspective qui rappelle de façon troublante les écrits de Frank Herbert dans Dune. Ce n’est toutefois que le préambule des recherches et il y a un énorme bond à faire entre le système des vers et celui des êtres humains. Par ailleurs, cette étude des liens entre le processus d’extinction de gène et d’héritage pourrait aider à mieux comprendre comment notre code génétique est influencé par la vie entière de nos parents, et pas simplement par l’ADN avec lequel ils sont nés. Il y a de l’espoir. Sources : Phys.org/National Center for Biotechnology Information Search database