Crédits : Joe Ford

Durant la guerre du Vietnam, Joe Ford était dans les rangs marines. Aujourd’hui âgé de 64 ans, il vit dans la toundra en Alaska, et ce depuis 2013. Sans toit au-dessus de sa tête. Le plus souvent, il dort sous une tente au bord de la rivière, d’autres fois dans des véhicules de camping, voire dans des hôtels en échange de quelques heures de travail quand le temps est trop hostile. Mais Ford n’a pas de maison. « Je vis comme ça en signe de protestation contre notre société de consommation. Je trouve ce mode de vie plus épanouissant, plus authentique, moins stressant pour la planète et aussi pour mon cerveau », raconte-t-il au Guardian

Joe ne se considère pas comme sans-abri, mais plutôt « sans maison ». « Sans-abri implique un échec moral individuel. Un “sans maison” est simplement quelqu’un qui manque d’une structure tridimensionnelle permanente », philosophe-t-il. Dans la toundra d’Alaska, il n’y a pas de poubelles où trouver de quoi manger, pas de citoyens auprès de qui faire la manche. Mais au moins, Ford peut « faire pipi n’importe où ». Alors, pour survivre, Ford chasse et cueille. « Je n’ai aucun scrupule à exploiter les ressources de manière durable. En plus, c’est bio. Ce n’est pas une chasse au trophée, c’est de la nourriture ! » déclare-t-il.

Crédits : Joe Ford

Lors de son escapade mensuelle en transports en commun pour se rendre à la banque alimentaire locale, à 50 km de la vie sauvage, Joe ramène du riz, des pâtes, des céréales, du lait, des conserves, des fruits, des légumes, parfois de la soupe, du beurre de cacahuète et du fromage. Même s’il confie qu’il « préfère un porc-épic rôti au feu de camp que j’ai moi-même tué, accompagné d’une tasse bien chaude de thé d’ortie »

Joe n’est néanmoins pas totalement coupé de la vie moderne. Il possède un ordinateur « vieux de 10 ans » et se rend de temps à autre à la bibliothèque afin d’utiliser le wifi et de s’informer. « Au cours de ma longue vie, j’ai pu voir de près toutes les injustices, les malversations et les aspects destructeurs du système capitaliste. J’ai été endoctriné. J’ai essayé de m’y intégrer, mais ça n’a pas marché. Je suis passé au rejet complet du système et à la recherche d’alternatives. »

Alternatives grâce auxquelles Joe Ford se félicite d’avoir considérablement diminué son empreinte carbone. « Ma présence sur cette planète va laisser peu de traces, et je pense que cela devrait être ainsi. Le monde a besoin d’un changement systémique », conclut-il.

Source : The Guardian