Une équipe internationale de chercheur.euse.s a mené sur des céphalopodes une expérience habituellement destinée à mesurer l’intelligence des enfants humains. Soumises à une nouvelle version du test du marshmallow, les seiches ont montré des capacités surprenantes, remettant en question notre connaissance des intelligences animales, rapportait Phys.org le 2 mars.

Le test du marshmallow, ou expérience de la guimauve de Stanford, est assez simple. Un enfant est placé dans une pièce avec une guimauve. On lui dit que s’il.elle parvient à ne pas la manger pendant 15 minutes, il.elle en obtiendra une deuxième et sera autorisé.e à manger les deux. Cette capacité à retarder la gratification démontre des capacités cognitives telles que la planification future, et elle a été initialement menée pour étudier la façon dont la cognition humaine se développe. Mais évidemment, impossible de communiquer aux animaux les règles de l’exercice.

Les chercheur.euse.s ont donc conçu un autre test, pour six seiches communes. Elles ont été placées dans un réservoir spécial avec deux chambres fermées dotées de portes transparentes afin que les animaux puissent voir à l’intérieur. Dans les chambres se trouvaient des collations – un morceau de crevette royale crue moins apprécié dans l’un et des crevettes graminées vivantes beaucoup plus attrayantes dans l’autre. Les portes portaient également des symboles différents en fonction du temps avant leur ouverture, que les céphalopodes ont appris à reconnaître. Et les résultats ont été surprenants.

Parmi les seiches, celles en conditions de test ont décidé d’attendre leur nourriture préférée (les crevettes vivantes), alors qu’elles n’ont pas pris la peine de le faire dans le groupe témoin, où elles ne pouvaient pas y accéder. « Les seiches de notre expérience ont toutes attendu la meilleure récompense et toléré des retards allant jusqu’à 50-130 secondes, ce qui est comparable à ce que nous voyons chez les vertébrés à gros cerveau tels que les chimpanzés, les corbeaux et les perroquets », a déclaré Alexandra Schnell, écologiste comportementale de l’université de Cambridge.

La seiche n’utilise pourtant pas d’outils ou de cache-nourriture, et n’est pas particulièrement sociable, les comportements habituels des animaux intelligents. Cependant, les chercheur.euse.s pensent que cette capacité à retarder la gratification aurait plutôt à voir avec la façon dont la seiche cherche à manger. Obligée d’interrompre son camouflage, elle s’expose en effet aux prédateurs pour se nourrir. Elle connaît donc la patience. Des recherches futures devraient, selon l’équipe, pouvoir déterminer si les seiches sont, en effet, capables de planifier pour l’avenir.

Source : Phys.org