Dans les parties les plus basses du manteau de notre planète se cachent d’énormes et mystérieuses structures de roches denses. Selon une nouvelle étude de l’université de l’Arizona, il pourrait en réalité s’agir de fragments de Théia, un ancien monde extraterrestre, rapportait la très sérieuse revue Science le 23 mars.

Selon une théorie largement répandue, Théia, une protoplanète de la taille de Mars, a frappé la toute première Terre il y a environ 4,5 milliards d’années. Suite à l’impact, une partie des deux corps s’est fragmentée, devenant la Lune que nous connaissons aujourd’hui. Mais ce qu’il est advenu du reste du monde extraterrestre reste inconnu. Les chercheurs ont proposé une nouvelle modélisation pour tenter de le déterminer.

Leur analyse fait ressortir deux de ces gigantesques structures – appelées superpanaches ou « provinces de basse vitesse des ondes S » (abrégé LLSVP en anglais). L’une est enterrée sous l’Afrique, tandis que l’autre se trouve sous l’océan Pacifique. Selon les chercheurs, elles pourraient représenter d’anciens fragments du manteau riche en fer et très dense de Théia. Ces derniers se seraient profondément enfoncés dans le manteau terrestre lorsque les deux mondes en développement se sont réunis. Si les résultats de l’étude sont confirmés, ils constitueraient la première preuve de l’existence de l’impacteur.

Animation montrant les superpanaches détectés par tomographie sismique
Crédits : Sanne.cottaar

« Nous démontrons que le manteau de Théia peut être intrinsèquement plus dense que le manteau de la Terre », ont écrit les chercheurs menés par le doctorant Qian Yuan. « Cela permet aux matériaux du manteau de Théia de glisser dans le manteau le plus bas de la Terre et de s’accumuler en piles thermochimiques susceptibles de provoquer les LLSVP observées sismiquement. »

Les résultats sont actuellement en cours d’examen, avant leur publication dans les Geophysical Research Letters. Ils donnent déjà une idée de la façon dont ces mystérieux phénomènes ont pu se créer. Ces anomalies sont si massives qu’elles affectent le comportement de la planète bleu. Elles affaiblissent même par endroits le champ magnétique terrestre, comme dans le cas de l’anomalie de l’Atlantique Sud.

Source : Science