Détail de Montre molle au moment de la première explosion — Salvador Dali (1954) L’un des aspects les plus bizarres de la mécanique quantique est assurément le principe de rétrocausalité. Tellement bizarre qu’Einstein lui-même n’y croyait pas et parlait d’ « action fantôme à distance », n’admettant pas qu’une action future puisse avoir un effet sur le passé. La rétrocausalité, pour les particules, c’est l’équivalent d’avoir mal au ventre aujourd’hui à cause de ce que vous mangerez demain. Elle serait ainsi la preuve que le temps est une dimension multidirectionnelle plutôt que linéaire. L’affaire est discutée dans le petit monde des physiciens théoriciens depuis de nombreuses années, mais deux chercheurs (un Américain, un Canadien) ont récemment publié une étude qui donne plus de corps que jamais à l’existence de la rétrocausalité. Phys.org rapporte que les chercheurs Matthew S. Leifer, de l’université Chapman en Californie, et Matthew F. Pusey, de l’institut de physique théorique de l’Ontario, se sont demandé si la nature du temps était différente dans le monde quantique. Ils ont ainsi appliqué leur nouveau modèle à ce qu’on appelle les inégalités de Bell, du nom du physicien nord-irlandais John Stewart Bell. Son théorème explique que le comportement étrange des particules du monde quantique ne peut être expliqué par des actions observables à proximité. C’est comme si rien n’était responsable de leur comportement erratique, comme si l’univers était aléatoire. Mais cela ne pourrait-il pas s’expliquer du fait que les actions qui déterminent ces comportements se produisent à un autre moment ? Cette action « fantôme », comme la qualifiait Einstein, ne pourrait-elle pas advenir dans le futur pour influencer le passé ? Si la causalité marchait à reculons, cela résoudrait de nombreuses énigmes pour les physiciens. Naturellement, la chose est difficile à prouver il faut pour cela sortir du carcan réaliste qui prévaut jusqu’ici dans notre monde comme dans celui des physiciens théoriciens. Malgré tout, « il y a un petit groupe de physiciens et de philosophes qui pensent que l’idée vaut d’être poursuivies », ont confié Leifer et Pusey à Phys.org. Et les deux chercheurs sont bien décidés à approfondir leur théorie. Car en physique théorique, il n’est pas rare qu’on prédise de longue date ce que la science finit par découvrir. Peut-être que ça marche aussi à l’envers. Source : Phys.org