Le gouvernement russe semble avoir raté sa dernière tentative de censure sur Internet, bloquant accidentellement de nombreux sites web dans le processus. La limitation, qui était censée viser Twitter, a en réalité affecté bien plus que le réseau social, y compris le propre site du gouvernement, rapportait le Guardian le 10 mars.

Les internautes russes ont commencé à remarquer quelque chose d’étrange mercredi, quand un certain nombre de sites web, dont Kremlin.ru, sont tombés en panne. Quelques heures plus tôt, Roskomnadzor, l’organisme gouvernemental russe chargé des communications et de la technologie, annonçait qu’il ralentissait délibérément l’accès à Twitter, en affirmant que la société avait autorisé plus de 3 000 publications sur le suicide, l’exploitation des enfants et la consommation de drogue.

Officiellement, le Kremlin a imputé la panne de masse à une panne de routeur, même s’il est peu probable que plusieurs perturbations importantes et indépendantes se soient produites juste après que le gouvernement a commencé à ralentir Twitter. « La Russie utilise des appareils d’inspection approfondie des paquets afin de censurer le trafic Internet », explique Doug Madory, directeur de l’analyse Internet chez Kentik, une société d’analyse des performances du réseau, en précisant que cette pratique n’est pas propre à la Russie.

Si une demande de domaine provenant du téléphone ou de l’ordinateur d’une personne correspond aux domaines que le gouvernement souhaite bloquer, les utilisateurs peuvent être empêchés d’accéder à ce site web particulier. Dans ce cas précis, l’un de ces domaines semblait être t.co, utilisé par Twitter mais présent dans d’autres adresses. « En ne limitant pas cette correspondance – que nous appelons une « expression régulière » –, tout ce qui contient cette sous-chaîne correspond. C’est un problème informatique très courant », explique Madory.

La répression sur Twitter intervient quelques semaines après les manifestations généralisées qui ont suivi l’emprisonnement du principal opposant au pouvoir, Alexeï Navalny. Dans les jours précédant les rassemblements, Roskomnadzor avait déjà tenté de faire pression sur TikTok pour supprimer les vidéos encourageant les citoyen.ne.s, en particulier les jeunes, à sortir et à manifester.

Dans la foulée, le gouvernement avait déclaré qu’il infligerait une amende à Facebook, Instagram, Twitter, TikTok et YouTube, ainsi qu’aux réseaux sociaux nationaux comme VKontakte et Odnoklassniki, pour avoir laissé du contenu encourageant les manifestations. Pour cela, le gouvernement russe s’est reposé sur une loi controversée, entrée en vigueur au début de l’année 2021, qui impose des amendes aux médias sociaux qui laissent en ligne tout contenu jugé illégal.

Source : The Guardian