Des chirurgiens américains ont réussi à implanter un cœur de porc génétiquement modifié chez un homme de 57 ans, rapportait le New York Times le 10 janvier. L’opération est une première mondiale.

L’intervention historique s’est déroulée vendredi dernier dans la faculté de médecine de l’université du Maryland. Le patient, David Bennett, avait été jugé inéligible pour une transplantation humaine par les chirurgiens. Ce genre de décision est prise lorsque le receveur est en très mauvaise santé et incapable de recevoir une greffe d’organe. Le malade n’avait alors aucun autre choix que de tenter une greffe animale. Un cœur de porc génétiquement modifié a ainsi été implanté dans le corps de David Bennett, une première médicale. Il est pour le moment en convalescence et surveillé de près pas les chirurgiens, qui observent le comportement du nouvel organe.

« C’était soit mourir, soit faire cette greffe. Je veux vivre. Je sais que c’est un coup dans le vide, mais c’est mon dernier choix », a confessé l’habitant du Maryland un jour avant l’opération. La Food and Drug Administration a délivré une autorisation en urgence pour le bon déroulement de l’opération la veille du Nouvel An. En effet, il s’agissait de la seule manière de sauver le patient qui ne pouvait pas recevoir une transplantation conventionnelle. « Il s’agit d’une opération révolutionnaire qui nous rapproche un peu plus de la résolution de la crise de la pénurie d’organes », a indiqué Bartley Griffith, le chirurgien responsable de l’opération.

« Nous procédons avec prudence, mais nous sommes également optimistes et nous pensons que cette première mondiale constituera une nouvelle option importante pour les patients à l’avenir », a déclaré le chirurgien. Le porc qui a permis la prouesse médicale provenait d’un troupeau ayant subi des modifications génétiques. Tous les gènes qui entravaient la compatibilité des organes de porc avec l’homme ont été « éliminés », ainsi qu’un autre gène qui aurait conduit à une croissance excessive du tissu cardiaque du porc. Six gènes humains ont été insérés dans le génome pour faciliter l’acceptation de l’organe par l’homme.

En France, 425 transplantations cardiaques ont été réalisées en 2019. Selon l’association France Transplant, 500 à 600 patients meurent chaque année faute d’avoir pu bénéficier d’une greffe d’organe. En 2017, près de 24 0000 personnes étaient en attente d’une greffe. Les porcs constituent les donneurs idéaux en raison de leur taille et de leur croissance rapide. La xénotransplantation pourrait permettre de palier les rejets et les pénuries d’organes pour les patients en attente de greffe.

Source : New York Times