Cela fait maintenant quatre ans que le bâtiment aux aplats de couleurs éclatantes est adossé au centre hospitalier Delafontaine. Cette Maison des femmes basée à Saint-Denis, au nord de Paris, s’emploie à soulager les maux depuis juillet 2016. Mais il y a du travail partout en France. « Des dizaines de Villes nous ont contactés pour monter un projet similaire et bénéficier de nos conseils », indique la fondatrice, Ghada Hatem-Gantzer. « La dissémination du modèle est une chose précieuse, mais il faut à chaque fois chercher des financements. »

Vendredi 6 mars 2020, le chanteur Oxmo Puccino a annoncé qu’il cédait les droits du morceau « Tendrement » à cette structure qui accueille toutes les femmes vulnérables ou victimes de violence pour leur proposer non seulement des soins médicaux et un accompagnement juridique, mais également des activités diverses. Et un dîner de gala sera organisé à la Station F en partenariat avec Big Mamma le 28 avril 2020 afin de récolter 500 000 euros.

Crédits : La Maison des femmes

Seulement voilà, « après le Grenelle des violences conjugales de novembre 2019, le gouvernent s’est engagé à financer des structures », poursuit la gynécologue accoucheuse franco-libanaise. « Il y a eu cette annonce et puis plus rien. Des engagements ne sont pas mis en oeuvre. » Pourtant, la petite soixantaine de personnes qui travaille à temps plus ou moins partiel à la Maison des femmes en motive d’autres. « Il y a de plus en plus de gens qui collaborent », pointe Ghada Hatem-Gantzer. « Je passe beaucoup de temps à répondre à des jeunes qui ont envie de s’engager et cherchent à donner du temps, mais on manque de place donc on cherche à s’agrandir. C’est une donnée que le gouvernement devrait prendre en compte. »

En plus des juristes et médecins présents, la Maison des femmes propose à son public de rencontrer des policiers formés pour recevoir les plaintes de victimes de violences. Elle donne des conseils à propos de la contraception, de l’IVG, des soins autour d’une excision, d’un viol ou de violences physiques ou psychologiques, dans le cadre familial, conjugal ou autre. Des ateliers de théâtre, de danse ou de karaté sont aussi organisés.

Depuis près de 40 ans, Ghada Hatem-Gantzer s’intéresse à la médecine de la violence, et les conséquences des violences que subissent les femmes sur leur santé n’ont hélas que très peu de secrets pour elle. Lorsqu’elle débarque en France en 1977, Ghada n’a que 18 ans et elle fuit la guerre qui ravage le Liban pour étudier la médecine. La loi sur l’avortement la précède de peu ; plus tard, elle dira d’ailleurs que « Simone Veil a guidé [son] parcours de gynécologue ».

Ghada Hatem-Gantzer

Fille d’un ingénieur passionné de poésie, elle sait dès son premier stage ce qu’elle veut devenir : gynécologue obstétricienne. Son engagement contre les violences sexuelles sera progressif. C’est en côtoyant dans son travail des femmes meurtries de toutes nationalités que Ghada se décide à imaginer un refuge. Et ce lieu, elle le veut gai, coloré et bienveillant.

« Les femmes ont, et c’est prouvé, ont plutôt tendance à parler de ce qui leur arrive à leur médecin, à leur sage-femme, à leur gynécologue », explique-t-elle à Région Île-de-France en recevant le prix Elles de France – Prix Simone Veil en novembre 2018. « À ce titre-là, nous sommes souvent les premiers dépositaires de paroles qu’elles n’ont jamais prononcées auparavant. » À ses côtés lors de la cérémonie étaient présentes cinq autres femmes engagées dans la lutte pour les droits des femmes, des enfants, des réfugiées ou en faveur du développement de la culture en Île-de-France ; toutes présentaient des parcours et des histoires exceptionnelles.

« Ce que j’aime dans mon métier, c’est sa grande diversité et son impact social », raconte Ghada. « Quand je reçois des adolescentes, ce que je peux leur dire autour de leur santé et autour de leur vie [pourra] leur servir un jour de repère. » Aux jeunes filles qui lui disent qu’elles veulent s’engager, Ghada les encourage avec vigueur « parce que nous avons besoin de toutes ces énergies et de toutes ces femmes qui, petit à petit, s’affranchissent d’un système patriarcal ».

À l’image de Ghada Hatem, dont le dévouement et la détermination ont été maintes fois salués, la France et le reste du monde regorgent d’histoires inspirantes de femmes engagées dans la lutte pour les droits des femmes. Depuis ses origines, ULYCES s’emploie à pousser leurs incroyables combats dans la lumière, à l’image des 25 portraits et reportages qui suivent.

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Crédits : Trocaire

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Couverture : Women’s March.